Allemagne, land de Rhenanie-Palatinat (Rheinland-Pfalz)

Projet BeaucéantLa maison de Roth-Vianden

Contributeur : Bernard Boubel (†)

Allemagne, land de Rhenanie-Palatinat (Rheinland-Pfalz), à environ 50 km au nord-ouest de Trèves (Trier), 5 km au sud de Vianden, sur la frontière luxembourgeoise.

L’origine de la commanderie est datée de 1228, date ou l’on retrouve la donation faite au Temple par Henri 1er de Vianden(1) et son épouse Marguerite de Courtenay de la basilique de Roth qui est en fait une petite église romane. L’Ordre construit alors un château et un moulin et que viennent compléter un nombre important de terres.

En 1248, Henri de Vianden fait venir de Picardie des frères de l’Ordre de la Sainte Trinité et de la Rédemption des Captifs pour leur rendre hommage et les remercier d’avoir libéré son fils Frédéric (2).
Cette même année, Maître Dyon, recteur de l’église des Templiers de Roth accepte que les Trinitaires occupent l’hôpital légué par le comte, qu’ils y habitent et qu’ils tiennent la messe au château.

Intervient alors le premier différent entre les deux ordres : Les trinitaires ayant fait construire une église en dehors du château dans leur cloître, ils veulent toucher les revenus de celle-ci, mais comme Vianden dépendait de la paroisse de Roth, les Templiers portent l’affaire devant la juridiction de Trèves.
En 1256, l’archevêque(3) scinde la paroisse en 2 avec la rivière comme frontière. Les Templiers font alors construire sur leur partie de Vianden, dans la Neustaad (nouvelle ville), une chapelle et érigent une commanderie avec pour commandeur Hermann. Ils gardent le droit de toucher les dîmes de Vianden mais par la suite, comme le curé de Roth est trop loin de Vianden, le curé de Vianden reviendra au Comte Philippe et la chapelle du cloître des trinitaires deviendra église paroissiale. La commanderie est abandonnée et l’église Saint Nicolas attendra 1311 pour être consacrée.
L’arrangement est approuvé par frère Foulques de St. Michel, Maître des maisons de l’Ordre en France.

Un autre conflit intervient un peu plus tard sur des terrains que le comte Philippe de Vianden(4) donne aux trinitaires alors que son père les avait donnés aux Templiers. Cette fois l’affaire va jusque Rome et l’évêque de Verdun(5) excommunie (en préventif) le comte, le comté, et le chanoine Allard(6) ministre général de l’Ordre des trinitaires.
En 1262 l’archevêque de Trèves(7) obtient un accord entre les parties et le 10 mars, Robert, recteur de Roth, Humbert de Perrault, supérieur de l’Ordre en France, le comte Philippe de Vianden et son épouse Marie conviennent de 5 points :

  1. L’église de Roth et tous ses droits jusqu’à l’Our appartiennent aux Templiers.
  2. Le bois entre la léproserie et Obersgeben ainsi que les terres appartiennent aux Templiers.
  3. Les Templiers peuvent y aménager un étang.
  4. Le comte peut faire une église paroissiale à Vianden et peut y percevoir les dîmes à condition de payer 60 sols en monnaie de Tours ou de Provins en reconnaissance de l’ancienne sujétion de la ville.
  5. L’Our formera la frontière entre les paroisses et il ne pourra y avoir d’extension de part ou d’autre.

Les parties se mettront d’accord pour remettre à l’archevêque de Trèves au plus tard à la pentecôte les pièces ayant trait à l’excommunication afin d’être brulées.
Les Templiers ne seront pas poursuivis après 1308 et les procès de Mayence dirigés par l'archevêque Pierre d’Aspelt(8) montrent que les interrogatoires n’ont révélé ni magie ni hérésie et les accusés ont pu rentrer chez eux.
Les biens des Templiers sont passés aux Hospitaliers en 1312 et on ne retrouve que peu de traces. Les biens ont-ils été vendus par les uns ou par les autres ? En tout cas, dans l’inventaire de 1472, les chevaliers de Malte figurent pour 4 livres alors que l’abbaye d’Echternach figure pour 80 livres et les trinitaires de Vianden pour 12 livres.

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Notes :

(1)Henri 1er est né vers 1190 et mort en 1252. Il est le fils de Frédéric III, comte de Vianden, et de Mechthilde (Mathilde) de Neuerburg. Vers 1217, il se marie avec Marguerite de Courtenay-Namur, héritière du Marquisat de Namur, la fille de Pierre II de Courtenay et de Yolande de Flandre. Il participe à la Septième Croisade aux côtés du roi de France Louis IX.

(2)Frédéric de Vianden est sans doute né vers 1220. Il meurt en 1247, quelques mois après son mariage avec Mathilde de Salm. Il est le fils aîné du comte de Vianden Henri 1er et de Marguerite de Courtenay-Namur.

(3)Arnaud (ou Arnold) von Isenburg est né vers 1190 et mort en 1259. Il est le fils de Bruno 1er von Isenburg-Braunsberg et de Theodora von Wied. Très jeune, il est envoyé à l'école de la cathédrale de Cologne avant de devenir membre du chapitre de la cathédrale de Trèves vers 1210. En 1228, il devient prévôt de la cathédrale avant de succéder à son oncle Theoderich von Wied au siège épiscopal en 1242.

(4)Philippe 1er de Vianden est sans doute né vers les années 1222 - 1225 et mort en 1273. Il est le second fils du comte de Vianden Henri 1er et de Marguerite de Courtenay-Namur. Frédéric, son frère aîné, étant mort avant leur père, c'est lui qui hérite du titre de comte de Vianden en 1252.

(5)Robert II de Medilan, parfois cité comme Robert de Milan, Mailand ou encore Midan, est évêque de Verdun de 1255 à 1271.

(6)Frère Alard ou Alardus est ministre général de l'Ordre des Trinitaires de 1262 à 1272.

(7)Henri de Fénétrange, aussi mentionné sous le nom de Henri de Vestigen, est né dans la première moitiè du 13ème siècle au château de Malberg et mort en 1286 lors d'un voyage en France. Il occupe d'abord le siège de doyen du chapitre de Metz avant d'être élu archevêque de Trèves en 1260.

(7)Pierre d'Aspelt est né vers 1240 à Trèves, dans une famille bourgeoise assez peu aisée. Il meurt en 1320 à Mayence. Il commence sa carrière comme maître d'école avant de fréquenter une université et y apprendre la médecine ainsi que la théologie. Il se fait ordonner prêtre catholique sans doute à l'époque de sa fréquentation de cette université inconnue. Sa réputation sans cesse grandissante le fait entrer au service du comte Henri VII de Luxembourg qui le prend comme médecin personnel. Envoyé en mission politique auprès du pape Boniface VIII vers 1294, il est amené à lui prodiguer des soins et le guérir d'une maladie réputée incurable. En récompense, le pape le nomme Prévôt de la cathédrale de Trèves. En 1296, il devient évêque de Bâle et 10 ans plus tard, il est nommé archevêque de Mayence.

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BibliographieProjet Beaucéant

  1. Bulletin des Amis de l'Insolite - Les Templiers en Luxembourg
    Les Amis de l'Insolite ; 2002
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Sources sur InternetProjet Beaucéant

  1. Schloss Roth
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