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France, département du Var

Projet BeaucéantLa maison du Ruou

France, département du Var, à environ 20 Km à l'ouest de Draguignan, commune de Villecroze, hameau du Ruou.

Le hameau du Ruou sur la carte de Cassini
Le hameau du Ruou sur la carte de Cassini
© Carte de Cassini - Gallica (BNF)

La maison du Ruou a sans doute été fondée aux environs de 1150 - 1155. L'acte le plus ancien mentionnant le nom du Ruou date de 1156 (1155 selon certaines sources) et mentionne un don fait aux Templiers du Ruou par les seigneurs de Flayosc(1) de terres sises au Ruou, à Salgues et à Salguettes(2). Cette donation sera confirmée et validée en 1157 par le comte de Provence Raymond Bérenger(3). En attendant de s'installer définitivement au Ruou, les Templiers occupaient des biens à Lorgues. La maison qu'ils y possédaient était même le siège du commandeur local. En 1193, le commandeur Pons de Rigaud quitte Lorgues pour s'installer définitivement au Ruou. Bien que perdant le siège de la commanderie, Lorgues gardait cependant une implantation stratégique à proximité du croisement de deux importantes voies romaines, les voies Aurélienne et Domitienne.

Le domaine de la commanderie du Ruou s'agrandit rapidement pour arriver en 1250, date de son extension maximale, à une superficie d'un millier d'hectares répartis sur près de 28 communes situées tout alentours. Lors du recensement des biens établis après l'arrestation des Templiers, ces biens étaient constitués d'environ 600 ha de terres labourables, de 130 ha de vignes, de 34 ha de pâtures, auxquels il faut encore ajouter plusieurs dizaines d'hectares de bois, garigues et autres terres moins rentables. En plus des domaines directement exploités par les Templiers, il faut encore ajouter la présence d'environ 240 tenures liées à l'Ordre dans les différents villages voisins.

Maquette de la commanderie du Ruou
Maquette de la commanderie du Ruou
Source : Site de la commanderie du Ruou

Le développement important de la commanderie en fera l'une des plus importantes de Provence et sans doute l'une des principales située actuellement en France. L'effectif de frères présents dans la commanderie variera selon les besoins des interventions militaires de 8 à 16 frères.

Comme partout ailleurs, après l'arrestation des Templiers en 1307, la commanderie du Ruou passera dans les mains des Hospitaliers de Saint-Jean qui continueront son exploitation. En 1360, la commanderie est pillée par des routiers. Vers la même époque, les Hospitaliers transfèrent leurs activités du Ruou vers Montfort, ce qui va causer le déclin de la commanderie. En 1411, il n'y a plus que trois frères présents au Ruou et en 1460, il n'y a plus aucune trace écrite de la commanderie qui tombe petit à petit en ruine. En 1843, une fabrique de céramique s'y installe et fonctionne jusqu'à l'aube de la première guerre mondiale. Après le classement de la chapelle par les Monuments Historiques en 1929, les bâtiments sont transformés et réaffectés par les divers propriétaires successifs. Complètement abandonné en 1981, l'endroit est mis aux enchères et est maintenant une propriété privée.

Depuis 1995, l'Association "Empreintes et Traditions du Ruou", s'emploie à faire reconnaître l'importance de ce site, assure la sauvegarde de la chapelle et des divers bâtiments.

Les bâtiments, implantés sur trois niveaux sont situés au sommet d'une colline. Autour de la cour intérieure, les vestiges imposants sont les témoins exceptionnels d'une époque révolue :

Bâtiments de la commanderie du Ruou
Bâtiments de la commanderie du Ruou
Source : Source : Archives Projet Beaucéant
  1. La bergerie ou le réfectoire des frères: D'une longueur de 22 mètres, il est implanté sur le côté nord de la cour. Rasé au niveau du premier étage, ce bâtiment ne comporte qu'une seule porte et a pour toute autre ouverture deux baies situées en pignon. Les murs ont une épaisseur d' 1,9 mètres. A l'intérieur, on peut distinguer la présence de trois travées délimitées par des arcs doubleaux prenant appui sur des supports encastrés dans les murs. Une cave occupe le sous-sol dans la partie ouest du bâtiment. L'accès à cette cave se fait via le bâtiment situé en contrebas de celui-ci, mais son plafond voûté communique avec le rez-de-chaussée de la bergerie par une trappe circulaire.
  2. Le bâtiment en contrebas : Ce long bâtiment, également rasé au niveau du premier étage, est orienté nord-sud et est situé en contrebas du côté ouest de la bergerie. La destination première de ce bâtiment reste énigmatique. Il présente de nombreux et puissants contreforts ainsi que plusieurs ouvertures. Un escalier courbe situé à l'extérieur du bâtiment desservait l'étage de ce dernier. Le mur est de ce bâtiment se confond avec le mur de soutènement de la cour. Ce mur est percé de deux ouvertures, dont une donne dans la cave citée ci-dessus. L'autre ouverture donne dans un passage coudé d'où partent plusieurs galeries .
  3. La chapelle : D'époque romane, elle présente un type de nef unique, orientée est-ouest. C'est le bâtiment le mieux conservé de l'ensemble, sans doute épargné à cause de son caractère religieux. A l'intérieur, trois travées séparées par des doubleaux retombent jusqu'au sol. L'abside en cul de four est particulièrement bien conservée. Trois baies à double ébrasement éclairent la nef. D'importants vestiges de fresques ornent l'ensemble du choeur. L'entrée principale, située du côté ouest est légèrement désaxée ; un oculus circulaire est situé en hauteur juste au dessus. Du côté nord, une porte donnait sur le bâtiment du logis des frères et au sud, une autre porte donnait accès à l'ancien cimetière.
  4. Le four : Face à l'entrée principale de la chapelle, se trouve la façade d'un four à pain situé à cet endroit de façon à le laisser accessible aux villageois sans que ceux-ci ne doivent entrer à l'intérieur de la commanderie.
  5. La tour : A l'angle sud-ouest du domaine, on trouve les vestiges d'une tour écrétée et arasée également àhauteur du premier étage. L'examen des maçonneries ainsi que la présence d'une étroite meurtière révèlent l'appartenance à un pan des murailles de l'époque, mais la relative minceur des murs (50 cm) font douter d'une destination militaire pour ce bâtiment. Sans doute n'était-ce qu'une tour de guet très bien située, prenant en enfilade l'ensemble du large valon du Ruou.
  6. Le bâtiment du gardien : Cette imposante construction, dont les soubassements sont sans aucun doute d'époque médiévale pourrait avoir été la résidence du commandeur. Dans un inventaire dressée en 1338, il est attesté de la présence à cet endroit d'une tour d'habitation fortifiée.
  7. La cour : Certaines traces retrouvées à fleur de sol laissent penser que la vaste cour était délimitée par les quatre côtés d'un cloître classique.
  8. Le bassin ou logis des frères : Situé contre la façade nord de la chapelle et prolongé d'un nymphée voûté où coule une source abondante et claire, l'implantation de ce bassin correspond aux fondations d'un bâtiment qui pouvait être le logis des Frères Chevaliers. La galerie du cloître située du côté ouest du bâtiment donne sur la porte située dans le mur nord de la chapelle.
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Notes :

(1)Flayosc est une commune du Var située à environ 35 km au nord-ouest de Fréjus et environ 7 km à l'est du Ruou.

(2)Salgues et Salguettes étaient deux hameaux/lieux-dits situés entre Flayosc et Lorgues.

(3)Raimod Bérenger II de Provence est né vers 1136 et mort en 1166. Il est le fils de Bérenger-Raimond, comte de Provence et de Gévaudan et de Béatrice de Melgueil. En 1162, il se marie avec Ryksa de Silésie, fille de Władysław II Wygnaniec (le Banni) et d'Agnès de Babenberg. Il meurt en 1166 alors qu'il assiège Nice, au cours de guerres contre la République de Gênes.

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Sources sur InternetProjet Beaucéant

  1. Site de la commanderie du Ruou
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